Notre sexualité est-elle colonisée ?

 
Sexualité :
  1. Ensemble des phénomènes sexuels ou liés au sexe, que l'on peut observer dans le monde vivant.
  2. Ensemble des diverses modalités de la satisfaction sexuelle

©Larousse

 

Avant-propos : Ni doudou, ni colonisée, ni courbée ! La décolonisation des corps féminins commencera par la décolonisation de leurs sexualités.

 

Solène : Mais qu'est-ce que l’on entend par décoloniser nos sexualités ?

Mélissa : La thématique est assez difficile et assez complexe à expliquer en un seul épisode. Parler de sexualité, n’est pas que parler de sexe, même s’il s’agit de l'une des facettes de la sexualité qui nous intéresse le plus. Pour orienter notre épisode, j'ai trouvé très intéressant ce que Christelle Taraud [1], l'une des autrices du livre Sexualités, identités et corps colonisés a dit: « Pour prendre le contrôle d'un territoire la violence politique et militaire ne suffit pas, il faut aussi s'approprier des corps, en particulier celui des femmes. La colonisation étant par définition une entreprise masculine, la meilleure manière de faire comprendre aux hommes que l'on a vaincu, que l'on est maître chez eux, c'est de s'installer non seulement dans leur maison, mais aussi dans le sexe et le ventre de leur femme. ».

S : Et ça, ça renvoie directement à cette notion de domination sexuelle et ça prouve que...Ou du moins, ça nous démontre que pour dominer un territoire, un peuple, une histoire il faut passer par la domination sexuelle et c'est un pan de notre histoire que je pense... Comment dire ? Que l’on écarte par question de tabou autour de la sexualité. Toutefois, si nous voulons nous décoloniser, nous devons parler de cette domination sexuelle que l’on a connu durant l'esclavage et durant la colonisation. Puis comment ces codes sont encore prévalents.  

M : Et comment le colonisateur a créé une sexualité pour coloniser ?

S : Toute une autre réalité.

M : Nous sommes dans une projection. Le·la dominant·e a projeté une sexualité sur le·la dominé·e.

S : Projeté ? Je dirais même qu'il a créé de toutes pièces !

M : Imposé  ? Lorsque je pense à cette projection, au fantasme finalement de l’Occident qui prend vie, je pense notamment à un article de Serge Tcherkezoff [2] où il dit qu’à partir du dix-huitième siècles (peut-être que c’était un phénomène plus ancien mais son article parle du dix-huitième siècle) les voyageurs en voyage à Tahiti ont interprété l'hospitalité tahitienne comme étant une hospitalité sexuelle : « Notèrent que cette sexualité tahitienne réclamait d'être pratiquée en public. Ils estimèrent aussi que ce devait être une coutume locale. C'est ainsi que se pratiquerait l'amour entre les tahitiens. Les Français n'imaginèrent pas un instant que les tahitiens auraient pu organiser une réception inhabituelle pour des êtres extraordinaires. Ils crurent être reçus comme des amis ou des alliés. ». Au passage, à noter cette facilité qu'on les européen.nes de cette époque et peut-être toujours aujourd’hui, de penser qu’ils sont...

S : Des allié·es bienvenus. Des ami·es ! « Où que je suis, je suis un allié. ».

M : « Bienvenue ! Je ne fais de tort à personne ! ». L’auteur continue en disant que, je cite : « Tous remarquèrent que les femmes qui semblaient mariées ne s'offraient pas et que les présentations sexuelles étaient limitées aux jeunes filles. Mais au lieu de s'interroger davantage sur cette étrange restriction, ils en conclurent immédiatement que la coutume générale était la liberté sexuelle et que seule la jalousie d'un mari y mettait un frein. ». Il conclut que : « Tel fut en résumé l'histoire de la création d'une opinion commune européenne sur la coutume tahitienne, généralisée ensuite à toutes les activités. ». C'est-à-dire que tout ce que pouvait faire les tahitiens et les tahitiennes est devenu par extension un appel ou une référence à la liberté sexuelle. Cette facilité qu'apparemment pour les européen·ne·s, c'était de coutume dans toutes leurs activités et de tout lier au sexe.

S : Moi, je voudrais que l’on prenne une pause sur cette information parce que c'est tellement un exemple…Il faudrait prendre du temps pour interpréter ça parce que ça prouve à quel point la force du groupe dominant de pouvoir, comme on le disait “offline”,à  arriver à un endroit et à interpréter quelque chose d'une certaine manière et que ça devienne par la suite une vérité.

M : Oui. Une réalité.

S : Illes créent cette réalité parce qu’illes le projettent de cette manière, ça devient ça ! C’est ça leur force. Lia dominé·e, et dans ce cas-là les tahitien·ne·s, mais je pense que c’est interchangeable quel que soit les groupes, peuvent dire que ce n’est pas vrai autant qu’illes veulent, le crier même mais n’étant pas le groupe dominant...  C'est comment dire ? Il n’y a que la vision du groupe dominant qui...

M : Qui est légitime. 

S : Qui perdure et qui devient légitime. Pour moi, c’est tellement vrai dans le domaine de la sexualité parce que ce n'est qu'eux qui ont décidé c’est quoi la sexualité. Selon quel code ?  Qu’est-ce que telle approche veut dire ?

M : Oui. Ces codes qui créent la sexualité des dominé·e·s perdurent tellement que par exemple j’ai appris que récemment, excusez-moi pour mon ignorance, que la danse orientale était une création purement occidentale.  Je vous enjoins à écouter un podcast présent sur Binge Audio qui s’appelle Tarab. Ce podcast déconstruit ce qu’est la danse orientale et de quoi il s’agit. Ce sont encore des codes mis en place. Après tout qu’est-ce que la danse orientale par exemple ? Qu’est-ce que représentent les tahitiennes ? Les vahinés ? Elles représentent un fantasme auquel ils n’ont pas « accès » sur leur propre territoire.

S : On les perçoit comme étant très séductrice. Ce mystère séducteur. On le perçoit toujours comme ça par l'œil du dominant. Nous l’interprétons comme ça parce que l’on ne va pas se mentir, nous aussi on voit la danse comme orientale comme étant « une coutume ». Ça prouve ô combien leur code perdure.

M : Et comment c'est implanté.

S : C'est donc tout à fait légitime de nous demander dans une société post-esclavagiste, quels codes ont été créés ? À partir de quoi ? Pourquoi et comment les a-t-on intégrés ? Je pense qu'on peut voir à peu près quel code ont été créés et lesquels perdure. Comment s'en débarrasser ? 

M : Je pense que l'une des choses les plus faciles... Petite aparté, nous parlons des femmes mais je tiens à préciser que la question se pose également pour les hommes. Toutefois dans ce contexte la sexualité des corps colonisés touche plus les femmes puisqu’il s‘agissait de la première mission du colonisateur. Empiéter sur le corps féminin, tu sais que tout le reste va suivre [3].  Si je pense et je prends l’exemple de la Guadeloupe, à cette idée très répandue que l’on est des expertes au lit. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que l’on n’a pas le droit d’être inexpérimentée au lit. On n’a pas le droit d’être... Je ne sais pas comment dire... Ne pas forcément être « bonne ».

S : Oui de ne pas être bonne.

M : Oui ou de ne pas vouloir faire l'amour. Au travers de ce stéréotype, je vois trois conditions. Il doit en avoir plus mais j’en vois trois. Le premier : la bestialité. La bestialité renvoie à la bestialité du corps des esclaves, des femmes noires en tout cas. Puis des femmes indiennes et tous les groupes minoritaires qui sont arrivés par la suite dans les iles. Le deuxième : être douée. Nous sommes forcément douées. On sait ce que l’on fait. Et le troisième : On en veut toujours.

S : On est insatiable. On est in-sa-tia-ble ! C'est quelque chose qui revient à chaque fois dans les textes, au sujet du corps des femmes noires, nous avons toujours eu cette étiquette insatiable.  

M : Les femmes noires sont aussi très sauvage ? Je voudrais nuancer puisqu’il y a deux interprétions que l’on peut avoir avec le terme sauvage. Le premier est indiscipliné, que l’on ne peut pas contrôler. Le sauvage qui me sort des sentiers battus que je voudrais bien expérimenter. Pourtant j’ai souvent l'impression que pour les femmes noires le terme « sauvage » est plus sale et moins sympathique d'un point de vue sexuelle. Alors que les femmes chabines[4] le terme « sauvage »… « On en veut plus ». Ça peut paraître assez absurde ce que je viens de dire à l'instant pourtant la codification des dynamiques sexuelles est malheureusement liée aux phénotypes[5].

S : Oui et ça fait partie des codes qui sont encore été établis par d'autres personnes que nous. Dans nos sociétés, nos codes de sexualité sont directement liés à nos phénotypes et à nos catégories ethniques. C’est fou ! Ça restera toujours un « statement ». Les chabines se comportent de telle manière. Les négresses se comportent de telle manière. Les indiennes aussi j’imagine. Les blanches pareilles. Nous sommes encore dans cet esprit colonisé en ce qui concerne notre sexualité parce que l’on est complètement aliéné·e. On a complètement intégré ces codes. Nous avions posé cette question lors du premier épisode : Est-ce que l’on est tel que l'on est parce que l’on est né·e comme ça ? Ou est-ce que l’on est tel que l'on est parce qu'on a appris ces codes ?

M : On a intégré ces codes.

S : On ne fait que les les utiliser et les répéter sans nécessairement se rendre compte qu'il est nécessaire d'avoir un travail de déconstruction à tous les niveaux. C’est tellement violent la manière dont s'est projeté sur nous et quelle que soit la catégorie ethnique à laquelle on appartient. De toutes les manières, comme tu l’as dit, lorsque l’on est une femme des îles, on en veut, on est insatiable. Quoi qu'il en soit, c'est projeté sur nous.

M : Oui. On en vient à se dire, ici, que l’on en joue et même à l'extérieur de nos sociétés. Pour raconter une anecdote toute aussi charmante. Lorsque je disais sur une application de rencontre que je venais de Guadeloupe, j'avais beaucoup plus de chance d'avoir un rendez-vous que si je ne disais rien. C’était alors un peu plus compliqué. J’ai essayé. Puis j’en ai parlé à d’autres amies qui en ont-elles-mêmes fait l’expérience. Voilà ! Venir des îles, c'est beaucoup plus vendeur d'un point de vue sexuel. Je m’auto-note sur le terme « vendeur » de la sexualité. C’est ce que l’on vend. On vend du fantasme. On vend du charme. On vend de la séduction. On n'est pas là pour avoir des sentiments.

S : Encore une fois, on est pas du tout en charge de la création de ce fantasme mais on est complètement responsable de sa réalisation. Je sais ! On doit coller à cette image. Lorsque quelqu’un sur cette application de rencontre te match...

M : Il attend quelque chose de précis, oui.

S : Tu dois ! Si jamais tu oses dire « non », « mais attend ! Tu ne viens pas de Guadeloupe alors ? ». À aucun moment on peut décider de oui et de non. Par contre on est complètement responsable. On doit produire le fantasme dans la réalité.

M : On le fait tout temps et ici aussi. Récemment, j’ai mon petit-ami allemand qui est venu me rendre visite en Guadeloupe accompagné d’un ami à lui. Dans cet exemple très concret et très exactement lié à la Guadeloupe, un homme guadeloupéen a dit à cet ami : « Tu viens d’Europe, ça va être facile pour toi de faire l’amour. ». C’est bien connu ! Toutes les femmes des îles veulent faire l’amour avec des hommes européens. Il lui a dit dans ça dans le plus grand des calme.

S : C’est quelque chose qu'on a intégré.

M : J’essaye de déconstruire cette idée auprès dudit ami que l’on n’est pas « Sex, drug and alcool » et je n’y arrive pas ! Il pense sincèrement que ce que l’on fait ici c’est faire la fête faire l'amour et on ne travaille pas selon lui. Et en plus, on attend que de l'européen sorti de je-ne-sais-où pour nous faire l’amour parce qu'apparemment on est bonnes qu’à ça ! Et lorsque tu te rends compte que ce sont tes compatriotes qui sont capables de véhiculer ce genre de commentaires, tu te demandes qu'est-ce qu'on ne fait pas inconsciemment ? Le guadeloupéen en question, il le dit de façon tellement éhontée que je suppose qu'il avait tout à fait conscience de ce qu'il disait et qu'il pensait fermement ce qu'il disait. Si tu es capable de dire à une personne que tu ne connais pas que c'est comme ça que ça se passe ici, comme tu disais, on est complètement aliéné·e. On a complètement intégré tout ça. Notre sexualité est une sexualité débridée qui doit être débridée et complètement libre !

S : Est-ce que l’on peut retourner rapidement aux phénotypes et aux sexualités qui leur sont attachés ? Nous avons les négresses qui sont sauvageonnes et insatiables. On est tout et n’importe quoi. J'ai l'impression que l’on n’est pas désirable.

M : J’ai aussi l’impression que pour les négresses, d’un point de vue social, c’est moins accepté que vous ayez autant de partenaires. On vous dénigrera plus facilement pour le nombre de partenaire que vous avez que la chabine. La chabine a cette « particularité » d’avoir le droit “de”.  C’est bien pour ça que l’on t’appelle chabine dans la rue ma chère !

S : C’est vrai. Alors que pas du tout. Même pas les yeux fermés ! Je pense que pour les femmes noire au sens négresses, le nombre de partenaires qui nous permet de passer dans la catégorie salope, entre guillemets, est beaucoup plus bas que tout autre catégorie. On est aussi beaucoup plus encline à être vu comme sexuellement active. On dirait que parce que tu es noire et que tu te balades dans la rue, ça y est ! Tu es dévergondée et etc.  Mais tu ne connais pas l'état de mon hymen ! Tu ne sais pas ! On dirait que ça va beaucoup plus vite de nous attacher et beaucoup plus jeune de mettre sexualité sur toi. Pour moi c’est tout mon travail de déconstruction. Est-ce que c'est parce que je suis noire de peau ? Ou est-ce que c'est juste comme ça que toutes les femmes sont traitées ? Ça c'est toute ma réflexion en ce moment. Ce sont toutes les interactions que j'ai eues, la manière dont on m'a parlé, quelle partie de ça à avoir avec ma couleur de peau ? J’ai l'impression qu'en tant que femme noire ce caractère beaucoup plus dévergondé de la sexualité nous est attaché beaucoup plus rapidement. Puis lorsque l’on quitte la Guadeloupe, je pense que c’est toute femmes guadeloupéennes. Enfin, je ne sais pas vraiment pour mon cas, c’était les négresses. Après il y a les chabines.

M : Je pense que l’on est dans autre dynamique à l’intérieur de l’île mais à l'extérieur on est toujours de la Guadeloupe ou on est toujours de la Martinique, tu vois ?  On est toujours de la Réunion ou on est toujours de la Tahiti. On est forcément sexualisée. On ne peut même pas être asexuelle. On ne peut pas, ne pas avoir de désir sexuel, ce n'est pas possible.

S : Mais non ! Non ! Ce n’est pas possible. C’est dans ton sang !

M : Déjà que l’asexualité est perçue comme étant un problème, alors pour les femmes noires c’est fondamentalement un problème. Pour les femmes des îles c’est fondamentalement un problème !

S : Pour revenir aux chabines, je vais citer un article de Stéphanie Mulot : « Quant au chabine, elles sont souvent dans des rôles de devineuse, de Gadèzafè (voyant·e),  ou de séductrice envoûtante et fatale. » [6]. C’est toute cette notion de spirituel, envoutante et fatale. Elles sont charmantes et etc., mais elles ont cette liberté d'être plus sexuelle sans nécessairement avoir une vie sexuelle plus active, tu vois ? Ça, au pire, on s'en fiche. Comment dire ? Cette liberté sexuelle leur est beaucoup plus facilement accordée à cause de leur couleur de peau. Ce qui n'est pas positif ! On décrit une situation. On ne dit pas que c'est bon ou ce n’est pas bon. On essaye de faire un état de fait c’est-à-dire comment nous sommes perçus en fonction de notre couleur de peau. Lorsque l’on est chabine, en effet,  on peut plus se permettre. Ou du moins pas se permettre mais être perçu de telle façon.

M : Ce sont des descriptions objectives qui ont été mises en place.

S : Oui et colonisées. On est d’accord.

M : Voilà, nous ne disons que pas que toutes les chabines sont comme ça, que toutes les noires sont comme ça. Il s’agit juste de ce qui s’est créé et projeté.

S : Tout ce travail de décolonisation, c'est de se réapproprier notre propre sexualité en tant que femme. Et plus loin, d'individus à individus, d’enlever cette affaire de couleur de peau et de catégories ethniques qui est directement reliée à une sexualité. La sexualité c'est intime et individuel. Chaque femme doit faire le travail de se dire : « D’accord. Je suis perçue comme ça. Ça c'est ce que l’on perçoit de moi. Mais moi, qu'est-ce que j'ai à dire ? Comment je vis ma sexualité ? C'est quoi mon orientation ? C'est quoi mes préférences ? ».

M : Cette expression, nous n’en avons pas le droit. Lorsqu'on est dans cette image de liberté sexuelle... Qui encore une fois nous ne sommes là pour donner une tendance, vous pouvez vivre votre sexualité comme vous le voulez. Vous êtes libre de vos choix. Ça, on le répète. Cependant être perçue de cette manière, nous retire une part de nous-même. Nous ne sommes que des corps les uns sur les autres.

S : Toutes, le même monotype.

M : Voilà toutes les mêmes. Toutes les mêmes attentes.

S : Chaque chabine c’est la même chose. Chaque noire c’est la même chose. Chaque métisse, c’est la même chose. Chaque indienne, c’est la même chose. Ça nous plonge dans l’inaction en ce qui concerne notre sexualité puisque que l’on n’est pas...Ce que je veux dire c’est que rien d’intégrer tous ces stéréotypes, ça nous brouille complètement. Ça brouille notre relation avec nos corps, à nous, puisque que l’on doit sans cesse être dans la performance d'un fantasme dont on n’est pas...

M : Dont on n'est pas les auteures. Oui.

S : Voilà ! Tu dois juste répondre à ce que doit être une négresse, une chabine, etc. Tu t’oublies. Et étant donné que l’école est un échec complet... 

M : L’école, la famille...

S : Tout !

M : L’idée répandue est que parler de sexe aux enfants les inciteront à parler de sexe. Excusez-moi, je suis désolée ! Mais la société elle-même nous hypersexualise ! À aucun moment, on a eu le choix de dire : « Oui mais nous ça ne nous intéresse pas. ». Non, non, non ! Dès le moment que l’on est née fille, dès que notre genre social nous a été attribué, nous n’avons jamais eu l‘occasion de dire que ça ne nous intéresse pas.

S : Direct, nous sommes sexualisées.

M : Nous sommes de facto sexualisées. Ce qui est d’autant plus horrible, c’est que l’on nous force à vivre dans cette ignorance. En plus d’être de facto sexualisée et hypersexualisée, c’est que l’on est de facto ignorante. On ne dispose d’aucune source d’information sur ce qu’est la sexualité d’un point de vue beaucoup plus large, beaucoup plus générique. Pas d’éducation sexuelle, pas d’hygiène féminine, etc.

S : Tout ! 

M : Même apprendre l’anatomie féminin ! Avez-vous déjà vu un clitoris ? Lorsque vous êtes obligées de dire à votre partenaire : « Mon clitoris est en fait tout en haut.  Je ne sais pas trop où tu vas. ». En plus, ton partenaire le prendra mal puisque que forcément il sait ce qu’il fait et quoi qu’il en soit tu es censée prendre ton pied !

S : Pour moi, ça soulève une question : Est-ce que les hommes ont cette impression de facto de tout savoir ? Mais à quel moment tu penses que tu sais tout ? Si je n’ai pas eu de cours d'éducation sexuelle, tu n'as pas eu de cours d'éducation sexuelle. Tu vois ce que je veux dire ? C’est-à-dire que j’essaie de...comment dire ? J’ai cette conscience d’être complètement ignorante pourtant on attend de moi que je sache tout et que je ne sache rien à la fois. Comment peux-tu lorsque je t’explique quelque avoir cette arrogance et cette audace de me dire :  « Non, non, non. ».

M : La sexualité masculine s'exprime de façon différente. Alors c’est assez particulier et je vais tenter de m’expliquer. La sexualité masculine s'exprime d'abord en groupe. C'est en groupe qu’ils forment leur sexualité. Ils vont draguer la plupart du temps en groupe. Ils vont s'échanger des informations et vont avoir plus d'accès. Ils ont des échanges sur le sujet alors que nous, on ne s'en parle même pas. Eux, ils vont pouvoir même en blaguant sur si ou ça, il y a toujours... 

S : C'est intéressant parce que je le vois vraiment comme lié avec la masculinité. Une masculinisation de la sexualité.

M : Exactement. La sexualité définit la masculinité. Se construire en tant qu’homme c’est se construire par ses prouesses sexuelles. Tu es un homme parce que tu es capable « de ».

S : Quelle horreur.

M : Ça met forcément une pression absurde sur eux aussi.

S : À 100%. Lorsque je dis quelle horreur c'est parce que tu te rends compte du poids que tu mets.

M : Bien sûr. Sauf que nous en tant que femme...

S : C’est tabou.

M : Personne ne grandi dans un foyer ultramarin... Alors, encore une fois, je ne sais pas comment ça se passe dans les autres îles mais en tout cas aux Antilles, on sait toutes que lorsque tu es une petite fille, tu dois faire attention à tout. Et tes parents, les proches de ta famille t’empêcheront de savoir ce qu’est le sexe en pensant te protéger. Tu ne sauras rien de ton propre sexe. La masturbation par exemple, la masturbation féminine...

S : Ça vient de tout le tabou.

M : C’est ça.

S : J’ai un gros problème lorsque je lis, je te l'avais dit, les gens qui disent par exemple que : «  Oui, ici aux Antilles »… encore une fois comme Mélissa a dit, on ne sait pas pour les autres mais en tout cas aux Antilles, on est beaucoup plus ouvert, entre guillemets, avec tout ce qui est sexualité. C'est absolument faux. Il y a des tabous énormes. Enfin ça dépend de quelle sexualité. Et la sexualité masculine ce n’est pas parce que les hommes pssitent et font des commentaires sur mon corps que c’est parler de sexualité. C’est complètement tabou ici. Les enfants n'ont aucune éducation sexuelle. Moi, j'avoue, j'ai été parmi « the blessed ones ». J'ai eu un cours d'éducation sexuelle. Enfin, je ne sais pas si c’était vraiment un cours d’éducation sexuelle. Je ne me souviens absolument pas de ce qui a été couvert. Je ne me souviens vraiment pas de la matière. Je sais qu’avec mes ami·e·s on rigolait dans une pièce, au mixte 1/2 [7]. On demeure gardée dans cette ignorance. Ce sont les femmes qui en sont les premières victimes puisque l’on doit, encore une fois, performer mais en même temps, on ne doit pas en parler. On ne peut pas poser de questions. On se retrouve à devoir répondre... Comment dire ? À faire ce que l’on nous dit de faire. Mais ce n’est pas nécessaire ce que l’on veut.

M : Le problème qui vient avec le tabou est de savoir pourquoi il existe.

S : Parce que c'est sale.

M : Dans cette idée, je suis complètement subjective à ce propos, nous voulons aller à contre-courant. Je m’explique. Nous venons d’une société où les femmes pouvaient être, comme on l'a dit, accessibles à tous les niveaux. Nous n’étions pas sacralisées comme les femmes européennes à l'époque. Et alors que les mouvements de libérations sexuelles se font en Europe, il y a un contre-courant aux Antilles. Je dis un contre-courant non pas d’un point de vue Antillais mais d'un point de vue occidental.

S : Elles veulent se sacraliser.

M : Exactement. Les femmes européennes se désacralisent et nous, on se sacralisent. Pourquoi ?  Si mon histoire de femme est celle de la colonisation et de la colonisation de mon corps, je n’ai plus envie que tu regardes mon corps constamment. Je n'ai plus envie que cette accessibilité que tu t'es créée et que tu espères continuer avoir.

S : Les luttes sont différentes entre guillemets, c'est-à-dire que l’on n’a pas le même rapport à la libération de nos corps. Une femme blanche qui, en Europe, se découvre, se déshabille, c'est pour elle libérateur. C’est vrai qu'elle a toujours été cet être sacré, très pur, très mou et voilà.

M : La mère. Hyposexualisée.

S : Sans sensualité, sans sexualité. Oui donc la libération des corps en termes physique c’est se déshabiller. C’est quelque chose qui peut être très fort pour elle, mais pour nous nos corps ont toujours été nus. Nos corps n'ont jamais été sain, nos corps n'ont jamais été purs.

M : C’est ça. On dirait que l’on essaye de récupérer ce modèle que les femmes occidentales avaient parce qu’elles étaient alors respectées.

S : C’est ça. Ça nous renvoie à l'idée de respect alors que la conception du respect est aussi colonisée. Être respectable c'est être couverte, c'est être sage, c'est être « chut ».

M : Oui. Et le problème étant que ça ne résout absolument rien ! Disons que je me promène dans la rue. Ma tenue va être jugée inappropriée alors que je pourrais me balader en Europe et ce serait accepté. Et vice versa. C’est-à-dire que je pourrais être complètement couverte en Europe, avoir tout le temps pantalon, rien de serrer, rien près du corps et on m’aurait... Alors je déteste lorsque l‘on fait ce petit clin d'œil aux femmes musulmanes voilées, mais on m’aurait dit quelque chose. Alors qu’ici, ça passe. Les critères ne sont pas les mêmes. Des fois j'entends les femmes qui disent : « Ah ! C'est le carnaval, les grandes vacances, les femmes se déchaînent, on les voit moins habiller, c'est la fête tout le temps et tout. ». Tu as juste envie de dire : « Et ? ».

S : “Et alors ?”

M : C'est quoi le problème que des jeunes femmes...

S : Se baladent comme elles veulent ?

M : Le respect n’est pas vis-à-vis de comment elles s'habillent ou qu'est-ce qu'elles font ? Le respect c'est : C’est une femme et puis c’est tout. Donc, tu la respectes, ça commence par là.

S : Notre notion de respect n'est pas basée sur l'humanité, mais sur l'occidentalité.

M : La sexualité ici a vraiment été...

S : Colonisée.

M : La protection de nos corps va par la protection du sexe des femmes et pour le protéger, comme tu as dit, ignorance est le mot d'ordre.

S : Protection va de main-en-main avec tabou. La protection crée des tabous parce que tu ne parles pas.

M : Je ne sais pas si tu te rappelles mais il y a eu beaucoup d'histoires vis-à-vis des distributeurs de préservatifs dans les lycées.

S : Oui parce que ça va les déchainer. Tu comprends ? Si les gens savaient ce qui se passe dans les lycées !

M : Et des parents, beaucoup de parents, ont insisté pour faire retirer ces machines afin de ne pas inciter les élèves, sauf que ! Vous faites ça mais...

S : Vous pensez que c’est une machine qui va inciter ?

M : Ça envoie un signal fort contre le fait que les enfants[5] vont avoir des protections ou pas.

S : Mais ils ne voient pas la protection, ils voient l'acte. En voyant un préservatif, ils ne pensent pas à la santé. Le préservatif ce n’est pas la santé c'est faire l'acte et ça, c'est ça le problème. Même ! Lorsque l’on parle de stérilet ou quoi que ce soit, ils ne pensent pas à la protection. Ils parlent de l’acte. Ça on s'en fout. L'important c'est la santé. Le truc, c'est que toutes les générations ont eu des débandades pas possibles dans les lycées. Je veux dire, ce n’est pas nouveau. On sait ce qu'il se passe dans les lycées. Et je ne sais pas à quel moment, les générations plus « matures », plus âgées oublient ça. Je suis sûre que dans ton lycée, si je te ramène à cette époque de ta vie, tu vas savoir, tu vas te souvenir à quel point c'était du n’importe quoi ! Dans la maison abandonnée, oui, oui ! Non elle est détruite, je crois. On a même les lieux. Ça prouve à quel point notre sexualité est vraiment pleine de tabous.

M : Et on fait tout en secret, tout en discrétion.

S : Après on se plaint du nombre de grossesses et de maladies. Oui mais ça passe par une vulgarisation du discours et juste d'en parler. Et pour les femmes, je pense d'avoir ce travail avec elles-mêmes, de se réapproprier leur propre sexualité parce que ne pas savoir ça permet à cette société patriarcale... Comment dire ? En tant que femme, ne pas savoir et ne pas discuter permet à cette société patriarcale, donc aux hommes d'avoir la mainmise sur notre sexualité puisque nous on ne sait pas trop. Finalement, on ne nous a jamais donné l'opportunité, les outils et l'espace de te dire : « Ok. Voilà c'est ça ma sexualité, c'est ça ce que je veux, ce que je ne veux pas, ce que j'ai envie de quel que soit ce que. ». Donc les hommes ont mainmise sur notre propre sexualité. Pourtant les hommes ne viennent même pas d'une place de savoir. Ce n’est pas comme s’ils avaient tout ce savoir dans des casiers enfermés et que vraiment ils avaient toute cette connaissance. Eux aussi, ils viennent avec leurs propres traumatismes, leurs propres histoires et ils projettent sur nous quelque chose en pensant que c’est ce que l’on veut. J’imagine que pour eux, ils pensent qu'on les veut, eux, tout le temps. C’est encore rare de trouver des femmes qui ont passé une vie sans voir un appareil génital masculin que tu n'as pas eu envie de voir. On dirait que dans la conscience des hommes, on veut voir. Mais en même temps, ils ne savent pas non plus quoi. Alors on est tous·tes comme des couillons, à ne pas savoir.

M : Dans toute cette façon d'intégrer des codes qui ne sont pas les nôtres, les hommes dominés pour finalement prendre la place des hommes dominants, reproduisent aisément les codes que les hommes dominants ont mis en place. Tu revendiques ce statut précis. C'est triste mais tu deviens dominant lorsque tu prends la place du dominant. Et ça, de nouveau par le corps des femmes, en tout cas dans ces espaces coloniaux. 

S : N’est-ce-pas ? Tant que l'homme... Bon c’est très hétéronormé, on s’excuse. En tout cas si l'homme noir continue…

M : Pas que l’homme noir, l’homme colonisé.

S : Oui. Si l'homme colonisé poursuit cette lutte pour devenir le dominant,  ce sera toujours contre nous. On sera toujours placée comme une propriété et comme un outil de transaction.  L’homme colonisé va devenir le dominant. Qu'est-ce que le dominant fait ? Il s'autorise l'accès aux femmes du dominé en interdisant l'accès à ses propres femmes. Le jour où l'homme noir va interdire l'accès, alors ça je...

M : C'est intéressant. Je pense que l’on a lu le même article mais je me rappelle plus du nom. L’article parlait, et on en avait parlé juste avant de commencer l'épisode, de la frustration des hommes noirs à ne pas avoir eu accès aux femmes blanches. Aussi avec cette idée de cette sexualité, le tourisme sexuel est arrivé aux Antilles. Ça nous renvoie à l’article dans lequel est interviewé Christelle Taraud et Gilles Boëtsch[9] dit que : « La domination sexuelle sous-entend partout et toujours la domination coloniale. Le tourisme sexuel, très majoritairement masculin à destination des anciennes colonies, Sénégal, Thaïlande à Haïti, par exemple, est le prolongement de la violence sexuelle exercée autrefois par les colonisateurs sur les indigènes. ». Et si je prends le cas de la Guadeloupe on y retrouve plusieurs références dans les livres des années 80/90. Le tourisme sexuel en Guadeloupe pour les femmes européennes recherchant des hommes noirs était incroyable ! 

S : Ça fait du sens ! Ô combien de documentaires comme enquête exclusive que tu as vu où c'était les dernières femmes européennes à la mode ? Qui passées à un certain âge se baladaient sur les plages pour se trouver un jeune homme noir vaillant.

M : Oui après tout si on attribue aux femmes venant des colonies certains attributs et exploits sexuels, qu’est-ce que l’on attribue aux hommes colonisés ?

S : Performance.

M : Qu’attendent certaines femmes et certains hommes en venant en Guadeloupe ? À faire l’amour.

S : C'est vrai.

M : Lorsqu’ils viennent en groupe, pas en famille mais en groupe d’amis.

S : Quel que ce soit le genre !

M : Ils s’attendent à faire l’amour. Lorsque je vais quelque part, je ne m'attends pas forcément à faire l’amour. Je m'attends à visiter l'endroit où je suis quoi !

S : Surtout ils viennent avec la mentalité que l'on veuille d’eux ! Moi, en tant que femme noire, je vais atterrir dans un pays et je vais oser me dire qu'on veut de moi ?! Tu es malade !  Ils ne vont jamais se dire qu'ils vont être rejetés ou qu'ils ne sont pas attirants. Jamais je n'ai atterri même en vacances en me disant : « Ah, pour moi, ça va être facile. Je suis ici que pour me, tu vois ? ». Ça montre aussi que le dominant à cette vision d'être toujours désiré et accepté où qu’il aille. C’est encore dans nos codes de sexualité. En tant que femme des iles, donc, qui ont déjà une grosse étiquette, le travail, c'est de se réapproprier nos corps. De se réapproprier nos sexualités.

M : Et ça passe par forcément explorer notre sexualité. Comme on l’a dit de savoir ce que l’on veut, le communiquer avec notre partenaire. C’est quelque chose qu'on ne sait pas faire et qu'on doit apprendre à le faire. Je ne dis pas que ce sont toutes les femmes qui ne savent pas le faire, mais en grande majorité on est incapable de le faire. Il faut que l’on commence à parler de sexualité bienveillante. Il faut que l’on mette en place nos termes qui disent que : « Tu fétichises mon corps, je ne veux pas de ça. ».

S : Pouvoir l’articuler, ça, c'est compliqué. Rien que de faire ce travail en tant que femme venant de société ultramarine et se rendre compte de l'apport de l'esclavage et de la colonisation dans le domaine de la sexualité qui est l'une des choses les plus intimes. Faire tout ce travail... Comment dire ?  Se rendre compte de quelle catégorie ethnique on fait partie ? Connaître les codes qui sont collés à cette catégorie ? De se demander « Est-ce que j'ai déjà répondu à ça ? Est-ce que je réponds à ça parce que j'ai senti que je devais réagir comme ça ? Est-ce que je réponds à ça parce que c’est ce comportement que j'ai envie d'avoir ? ». Trouver quelqu'un qui est capable d'entendre ça. Si on parle de relations hétérosexuelles, trouver un homme qui est capable d'entendre et d'écouter ça. Et qui est aussi capable de te rejoindre dans cette réflexion de déconstruction, c'est compliqué. C'est déjà épuisant de le dire. Après je ne sais pas comment ça se passe dans les relations homosexuelles femmes et homosexuelles hommes ? J'imagine qu'il faut aussi faire tout ce travail déconstruction et d'articulation de nos propres réalités.

M : De nos propres désirs.

S : Je pense que c'est déjà intéressant de poser le fait que nos sexualités sont colonisées. La manière dont on appréhende nos sexualités est colonisé. Qu’il y plein d'ignorance et que c’est opaque.

M : Comment déconstruire et reconstruire notre sexualité ? De savoir que c’est à fait possible.

S : En l'explorant.

M : En l’explorant. En parlant d’éducation sexuelle, de ce que l’on devrait vraiment savoir impérativement. Par exemple la fameuse histoire du mec qui dit qu’il ne peut pas porter de capote.

S : Ou qu’il est allergique.

M : En 2020, ça ne peut plus marcher.

S : Tout simplement.

M : On va aborder tout ça parce que l’on a besoin d’en parler ouvertement. J'ai besoin que tu me donnes des conseils. 

S : J’ai besoin de pouvoir en parler.

M : J'ai besoin d’avoir des informations concrètes. J’ai besoin de savoir qu’une sage-femme est prête à m’écouter, sans me juger.

S : Exactement.  De pouvoir trouver des médecins, des gynécologues et des sage-femmes sans avoir à chuchoter « est-ce que tu connaîtrais pas ? ». J'ai besoin de pouvoir demander une serviette hygiénique ou un tampon sans faire des gestes de la main. Dans ta jeunesse, tu comprends que c'est tabou. Alors que c'est quelque chose qui arrive à plus de cinquante pourcents de la population tous les mois !  Tous ces tabous qu'il y a autour de la femme, du corps de la femme et qui est directement en relation avec aussi nos sexualités. On voulait juste attirer le fait que nos sexualités sont colonisées. Et que c'est à nous de faire le travail. D'amorcer la discussion pour décoloniser le tout.

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[1] Christelle Taraud, historienne, enseignante dans les programmes parisiens de Columbia University et de New York University, membre associé du Centre d’histoire du XIXe siècle des Universités Paris I et Paris IV, elle est spécialiste des questions de genre et de sexualités dans les espaces coloniaux, tout particulièrement au Maghreb.
[2] Serge Tcherkezoff : La Polynésie des vahinés et la nature des femmes : une utopie occidentale masculine

[3] Sophie Dulucq, Caroline Herbelin et Colette Zytnicki : La domination incarnée. Corps et colonisation (xixe-xxe siècles)

[4] Chabin/chabines : Personne noire de couleur claire issue d’un métissage lointain ayant des traits dit “négroïdes”.

[5] Phénotype : Ensemble de caractères anatomiques, physiologiques et antigéniques permettant d'identifier et de classer chaque type de bactérie ou de virus.

[6] Stéphanie Mulot : Chabines et métisses dans l’univers antillais. Entre assignations et négociations identitaires

[7] À Sainte-Anne, en Guadeloupe, l’école primaire du bourg est divisée en deux parties : mixte 1 et mixte 2

[8] L’utilisation du mot “enfant” aux Antilles a souvent pour but d’accentuer le fait qu’une personne soit jeune ou inexpérimentée sans pour autant marquer l’âge de celle-ci.

[9] Phillipe Testard-Vaillant : De la domination sexuelle dans les empires coloniaux (Article)

 
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