Féministe : une étiquette dépréciée ?

 
Féminisme : 
  1. Courant de pensée et mouvement politique, social et culturel en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes.
  2. État d'un individu du sexe masculin présentant des caractères de féminité plus ou moins marqués (développement des seins et des hanches, absence de barbe, finesse de la peau, etc.). [On attribue cet état à l'absence ou à l'insuffisance des sécrétions internes testiculaires.]

©Larousse

 

Avant-propos : Cet interview retrace les luttes menées par les militantes et les activistes guadeloupéennes pour l’amélioration des droits et des conditions des femmes sur le territoire. Pour autant, elles ne s’identifient pas au féminisme.

 



Mélissa : Féminisme et féministe qu’est-ce que cela signifie pour nous ? Qu’est-ce que cela implique chez nous, en Guadeloupe par exemple ?

Solène : Je pense dans nos sociétés insulaires ce mot est perçu… Comment dire ? Au travers du questionnaire que nous avons publié à ce sujet, au vu des réponses reçues nous sentons un malaise. Nous avons demandé aux personnes qui paraissaient être engagé·es pour la cause des femmes de nous donner un exemple de sujet pour le podcast et on pouvait ressentir cette gêne vis-à-vis du terme féministe et de se définir en tant que tel·le. C’est une gêne que l’on ressent également avec l’UFG [1] avec qui nous sommes engagées.

M : Il s’agit d’une association de femmes engagées pour l’amélioration des conditions de vies et des droits des femmes en Guadeloupe. Elles ont mené plusieurs batailles depuis la création de l’association et continue de le faire. Toutefois, elles ne s’identifient pas comme étant féministe.

S : Certaines femmes de l’association, des amies comme on dit, disent « Non » et refusent totalement le terme « féministe ». C'est intéressant. Quelle est la notion ou la perception que l’on a aux Antilles du féminisme et des féministes ? Il semble que celle-ci soit erronée. Ou peut-être que le féminisme n’est pas compris ? Après tout, pourquoi une femme se battrait pendant des années pour les femmes, créerait des collectifs de femmes mais qui lorsqu’on lui dit : « Êtes-vous féministe ? » te répondra « Non, je n’aime pas ce mot-là. »

Jacqueline Manicom

La graine

M : Je pense honnêtement que cette association a pris naissance lorsque le mouvement féministe était activement présent en Europe, pour les femmes blanches en Europe. Nous en avons déjà discuté lors de l’épisode 01, c’est ce qui est définit comme étant le féminisme civilisationnel [2]. Pour qui ces femmes se battaient-elles ? Ce n'était pas pour les femmes racisées et surtout pas les femmes venant des DOM-TOM. Les politiques des îles soit des anciennes colonies esclavagistes étaient par exemple anti-natalité alors qu’en France métropolitaine elles étaient pro-natalité. Françoise Vergès [3] retrace dans un ouvrage des faits épouvantables qui sont durs à lire mais tout à la fois nécessaires puisque est expliqué comment le corps des femmes étaient un outils politique. Le combat des féministes était avant tout celui des femmes blanches bourgeoises européennes.

 

S : C'est vrai. C'était le féminisme blanc quoi et cette idée nous ait resté, ici. Nous avons cette perception du féminisme. Et cette perception anti-homme du féminisme. Le féminisme est vu comme aller à l'encontre des hommes tout simplement. C'est intéressant que l'on est gardé cette perception-là alors que bien évidemment le féminisme ce n’est pas ça. Ce qui me fait penser par exemple aux manifestations et initiatives pro-noires critiquées d’être anti-blanc. Alors que non. C'est juste une initiative pro-noire et on a vu le même discours que pour le féminisme. On a l'impression que lorsque l'on dit "pro-femme" c'est «anti-homme». Alors que non pas du tout. Le mot «féminisme» est presque péjoratif.

M : Je trouve également intéressant cette façon que les femmes racisées ont de ne pas vouloir s’approprier « les choses », de ne pas se mettre en avant. Une peur peut-être d’être sous le feu des critiques et d’être encore plus jugée. Après tout, nous devons faire trois fois mieux que les autres et peut-être aussi qu’elles se disent : « Oui ça m’intéresse mais j’ai tellement de problème que je n’ai pas envie de m’approprier une lutte qui semble ne pas être la mienne. ». Bien sûr, il doit y avoir des raisons diverses et variées pour elles de ne pas se donner cette étiquette. Il faut, en effet, dire à nouveau que le féminisme n’est pas contre les hommes. 

S : Je trouve ça fou que ce soit une idée, une perception. Je peux imaginer que cela fasse sens.

M : En lisant les réponses du question, on a beaucoup « Les Fémen ». Les Fémen expriment leur colère en découvrant leur poitrine, quelque chose de tout à fait naturel et qui fait une parallèle aux hommes qui marchent torse nu dans la rue. Aux Antilles, la religion est la base de ces sociétés et règle les mœurs. Tu ne te balades pas torse nu lorsque tu es une femme.

S : Oui. Ce commentaire sur les Fémen me fait penser que la femme racisée a un rapport différent avec la « libération du corps ». Peut-être que le blocage vient de là.  Si les médias ne projettent que l'image des Femen qui vont dans une église torse nu avec du sang avec écrit quoi que ce soit sur la poitrine… C’est une stratégie médiatique, il ne faut pas se le cacher. En tout cas c'est vrai que la libération de la femme racisée et noire ne passe pas forcément par son corps dévoilé, dévêtu. Après tout, nos corps n'ont jamais été caché.  Nos corps n'ont jamais été sacralisé, ils ont toujours été à la disposition des autres. On a même été dans des cirques. Il y avait littéralement des zoos et des cirques avec nos corps dévoilés.

M : Par exemple :  La vénus noire [4]. Notre bataille n’est pas celle des femmes blanches et ne l’est toujours pas. Si l'on parle à l'heure d'aujourd'hui d'un féminisme décolonial et intersectionnel, c'est que les luttes ne sont pas les mêmes qu’en Europe. Par exemple si j’explique à quelqu’un·e qu’en étant une femme métisse je suis sujette à des oppressions qu’iel ne pourra pas connaitre parce que je suis noire pour une partie de la population et métisse pour une autre. Je subis des oppressions particulières voire singulières que cette personne ne connaîtra parce qu'iel est blanc·he par exemple. Nous en avions déjà parlé de cette personne en particulier qui avait complètement renié le fait que j’ai vécu du racisme. Elle ne voulait pas me croire. Recevoir comme réflexion : "Non mais en fait, tu es déjà féministe, on ne va pas en plus rajouter le fait que tu subisses du racisme". Oui, parce qu’une fois ça suffit !

S : C'est te renier ton identité intersectionnelle. Cette réticence me fait penser au mot féminisme et à ma mère, ou du moins le rapport de ma mère au terme féminisme. Ma mère ne se proclamerait pas féministe. Pourtant, elle est dans cette réflexion puisque l’on en discute avec le podcast. Ce n’est pas une étiquette qu’elle va se mettre. Pour autant, je ne pense pas qu’elle rejetterait le féminisme. J’ai aussi l’impression que lorsque tu te dis « féministe » tu dois te déclarer être autre chose. Je m’explique. En tant que femme noire, que femme racisée, antillaise et caribéenne le combat est par nature dans nos mœurs. Pour prendre l’exemple de ma mère, il y a des choses qu’elle a fait, que je l’ai vu faire et qui sont des combats féministes pourtant elle ne le décrira pas comme ça. Si on se dit féministe, on doit dire se anticapitaliste, antiraciste, etc., puisque les luttes sont intersectionnelles. Ma mère dans ses actions que je l'ai vu mené pour les femmes et par les femmes, c'était aussi pour les femmes racisées et par les femmes racisées. Si elle se dit féministe, elle devra se dire anti-raciste, si elle se dit anti-raciste elle devra se dire anticapitaliste. Autrement dit, il existe cette idée que « oui ça fait partie de ce que je fais, je ne vais commencer à dire, à mettre un label sur tout ».

M : Oui, parce que ça va de soi. Ce sont des luttes auquel on participe inconsciemment.

S : Exactement. Une fois « action » définie on se dit « Ok. Je dois le définir. Je dois le comprendre. Je dois toujours dire que je suis ça.". J'imagine que la réticence peut venir de là. 

M : Si je reprends le cas du questionnaire et de la première question posée qui était : « Quel regard portez-vous sur la condition des femmes au sein de votre sociétés ? ». Il y a eu très peu de réponses positives.

S : Il n’y en avait aucune.

M : Il n’y en avait quasiment aucune.

S : Beaucoup de mots d'espoir.

M : C'était soit mitigé soit optimiste. Il n’y a absolument personne qui a dit :

S : "Bonne"

M : « Nous vivons dans une société où les femmes ont une place égale aux hommes" ou "Les femmes sont respectées ». Et il faut préciser que le questionnaire a été remplie par des personnes de tout âge. On a regretté ne pas avoir eu de personnes plus jeunes, 12 à 18 ans. Les participantes avaient entre 19 ans et 66 ans et plus. Sur toutes ces générations, ce sont des femmes qui n’ont pas de positif à dire sur leur condition de femmes.

S : C’est un constat de la société et c'est une réalité.

M : Nous avons, par exemple, une femme qui a écrit :"Elle se bat toujours pour être reconnue à sa juste valeur" ou une autre femme qui a écrit : "Je porte un regard souvent décevant", "Pas assez avancé". Et pourtant lorsque l'on en vient à la question "Quel sens donnez-vous au féminisme ?". Tout en sachant que ces femmes ont une réflexion sur leur condition, le terme féminisme pose problème.

S : Le mot, oui.

M : Il y a tout de même eu des réponses intéressantes et ce qui était parlant était le fait que le pourcentage de femmes non concernées par l'idéologie actuelle du féminisme était de 71,4%. Finalement, nous revenons toujours à cette question de la représentation. Qui représente qui ? Qui sont les féministes ? Quel est le discours qu'elles ont ? À qui elles s'adressent ? Pour quel genre de bataille ?

S : C'est sûr qu'elle ne nous inclut pas. Ça me rappelle encore le livre le Féminisme décolonial de Françoise Vergès, qui vers la fin de l'ouvrage et c'est quelque chose qui m'a vraiment marqué, elle disait que les femmes blanches (en Europe), leur combat féministe s'inscrit dans l'intégration du capitalisme de l'homme blanc. Tu vois ce que je veux dire ? Elles veulent participer, elles veulent la place égale à l'homme blanc pour participer comme lui au capitalisme. Être dirigeant. Être directeur. Etc., etc. Faire les mêmes choses, avoir la même capacité de signer. Mais ce n'est pas ce que l'on veut ou du moins nous ne sommes pas encore à ce niveau de libération.

M : Nous, nous sommes encore au point où lorsque les femmes blanches et souvent bourgeoises partent au travail, qui garde leurs enfants ? [5]

S : Exactement ! Lorsqu’elles vont aux manifestations féministes.

M : Qui reste derrière ? Et Françoise Vergès a une expression incroyable : « Qui nettoie le monde ? »

S : Ça c’est parlant.

M : Qui est là ? Qui sont les personnes qui nettoient les bureaux ? Qui sont les personnes qui travaillent dans la restauration, les cantines scolaires ? Qui sont les nounous ?

S : Qui nettoie la ville très tôt le matin ?

M : C'est ça ! Qui sont les femmes de ménages ? C’est le cas typique du Club Med à Sainte-Anne. Le tourisme ne sauvera pas l’économie de l’île. Les responsables, les cadres de l’hôtel sont en majorité des personnes blanc·hes alors que les personnes qui nettoient sont en général des femmes racisées, et en plus des femmes noires.

S : De même que les vigiles qui te jettent de la plage.

M : Qui est là pour faire toujours le travail ingrat ? C'est toujours les mêmes personnes. Voilà. Je ne peux pas adhérer à tout ce que les femmes blanches disent mais en même temps je ne vais pas aller contre leur bataille. Qui suis-je pour leur dire que leurs revendications ne sont pas légitimes. Elles sont tout aussi victimes de souffrances. Par contre, ce que je souhaite est lorsque je suis à mon tour en train de t'expliquer la souffrance que je ressens et que tu ne peux pas ressentir, tu n'es pas là pour me juger et encore moins pour me remettre à ma place.

S : Ça nous divise plus qu'autre chose.

Lorsque j'entends ça, que mettre en avant nos identités caribéennes et antillaises divisent la « cause », j'ai envie de dire : tu ne m'as pas écouté. C’est en apportant une intersectionnalité à nos combats que l'on va réussir à aller de l'avant.

J'ai lu un texte qui disait que ne prendre qu'un seul côté d'une identité ou d'un problème, ne prendre que le socialisme par exemple, ne prendre que l'identité blanche dans un combat c'est quelque chose qui ne fonctionne pas. Pour revenir au questionnaire, nous avions également demandé : « Vous sentez-vous représenté·e par l'idéologie féministe actuelle ? ». Puis nous avions demandé : « Pourquoi ? ». C'était super intéressant. Il y a quelqu'un qui a écrit : « Je ne peux pas répondre parce que le féminisme n'est pas une idéologie ». Ou « Parce qu'elle est majoritairement trop superficielle ». Ou encore : « Manque de prise en compte des expériences diverses de chacune. Focalisation sur un féminisme eurocentré avec les problématiques qui s'y rapportent. » C'est exactement la société dans laquelle on vit.

M : Cette dernière réponse est exactement ce pourquoi l'on fait ce podcast

S : « Les Femen cherchent à dénaturaliser la femme dans sa définition même. » Bon. C'est tout le malaise quoi.

M : La question du féminisme et être féministe est au cœur du problème. On en parlait avec Solène lors de nos nombreuses conversations que l'on a eues avant de mettre en place le podcast, il y avait vraiment cette idée de pourquoi il nécessaire de parler de féminisme décolonial et non d'afro-féminisme [6]. Et non pas parce que nous ne souhaitons pas nous approprier l'afroféministe et être identifiée en tant que telle mais tout simplement au vu de l’histoire de nos îles. Par exemple, en Guadeloupe si je m'identifie à l'afroféministe, je ne m’intéresserais pas à d’autres communauté ethniques comme la communauté indienne. Parler d'afroféministe pour décrire la Guadeloupe n'est pas pertinent. Ce n'est pas la réalité.

S : À chaque fois que je pense à la Guadeloupe j'ai envie de toujours raccrocher la Martinique puisque c'est vrai, nous sommes sœur. L’afroféministe est pour les afrodescendantes. Oui, il y a une bonne partie des femmes guadeloupéennes, martiniquaises et antillaises en général qui sont afrodescendantes mais pas que. Du tout. À partir de la fin de l'esclavage, les colons voulant encore de la main d'œuvre pas cher, ont eu recours à plusieurs migrations. Je ne sais pas si l'on a mentionné dans le premier épisode, il me semble que oui mais il y avait syro-libanaise, indienne, madérienne... Tout ce monde-là s'est mélangé·e.

M : Elsa Dorlin dans son ouvrage Black Feminism dit quelque chose de très pertinent : « Que pourrait signifier un féminisme noir ? Un féminisme africain ? Un féminisme antillais ? ... ». Pour moi, parler d'un féminisme antillais ça veut dire qu'est pris en compte que les antillais·es ont une identité multiple. En faisant appel aux engagé·e·s dans toutes les colonies, il y a eu la pensée suivante : « Ces personnes viennent prendre la place d'esclaves maintenant libres qui auraient pu avoir plus de terres, plus de travail, plus d'argent. ». « Diviser pour me régner » a été un adage parfait. Les communautés sont restées « entre elles » pendant très longtemps. Non pas parce qu'il y avait une haine innée entre elles mais parce que les stratégies politiques ont été de blâmer le malheur des uns sur les autres. On disait que les indien·nes avaient peur des noir·es et que les noir·es avaient peur des indien·nes à cause de leurs dieux. Il y a plein d’exemple comme ça.

On continue de dire indien·ne, syrien·ne, etc., alors même que ce sont des personnes qui sont là depuis des générations, depuis 200 ans presque. Le problème est que si je parle d'afroféminisme j'oublie ces personnes. J’oublie qu’illes ont fait l’objet d’un déplacement forcé c’est-à-dire prétendre qu’illes pourraient travailler et retourner dans leur pays d’origine sous trois ans.  Pour moi n'est pas pertinent. On a besoin de dire décolonial, on a besoin de prendre en compte les réalités sinon on fait le jeu des européen·nes.

S : Exactement. L’afroféminisme colle au schéma social des États-Unis, mettons, parce que c'est encore très binaire, noir et blanc. Bon. Il y a cette histoire de « light-skin », « dark-skin » mais ça encore, j'ai l'impression qu'il ne s'agit pas d'une véritablement classe sociale comme métisse ou chabine. Ce n'est pas si ancrée. Donc oui l'afroféministe est super intéressant quand tu es noir·e, que tu es afrodescendant·e, que tu habites en Europe et que tu n'as aucune connexion aux Antilles.

M : L'afroféministe est un mouvement qui est parti des États-Unis avec une configuration complètement différente. Les français·es n'ont jamais été confronté aux plantations sur le sol français.

S : L'esclavage était interdit sur le sol français.

M : C'est ça ! Illes étaient loin, illes étaient dans leur pays et puis il y avait ces colonies où il régnait une minorité de blanc·he sur une majorité de noir·e. Ce n'est pas du tout le même processus de pensé et de déconstruction.

S : Et c'est pour ça qu'il faut une alternative pour les femmes des sociétés insulaires comme on l'a dit dans l'introduction, qui prend en compte vraiment notre identité multiple, et notre identité qui est encore plus intersectionnelle au vu de notre histoire. C'est complètement spécial et unique.

M : Pour rappel, Françoise Vergès définit le féminisme décolonial comme : « Les féministes décoloniales étudient la manière dont le complexe racisme, sexisme, ethnicisme imprègne toutes les relations de dominations alors même que les régimes associés à ce phénomène ont disparu ». Je dirais que pour moi le féminisme décolonial étudie les sociétés qui étaient autrefois coloniales et esclavagistes dans lesquelles l'interaction humaine était configurée entre race, genre et ethnie, que ces trois configurations ont mené au fait que les personnes à l'heure actuelle vivent toujours ces oppressions mises en place par les colonies esclavagistes.

S : Oui donc c'est intéressant de s'inspirer de ça parce que selon nos sociétés nous avons la possibilité de créer un féminisme propre à nos sociétés. Mais ce serait quelque chose qu'il faudrait réexpliquer. Ouvrir la discussion ! Que comprenez-vous par féminisme ? Comment vous vous sentez ? J'avoue que pour moi ce n'était pas innée de me dire féministe avant. Moi aussi j'ai regardé les médias, moi aussi j'ai vu les Femen et les femmes en majorité blanches débouler dans la rue et demander l'égalité salariale, etc. Je ne peux pas dire que je me suis toujours considérée féministe ou quoi que ce soit. Je pense que c'est une réflexion. Cependant on ne peut pas mettre de côté le fait que dans nos sociétés ça créé un malaise, le mot féministe, se dire féministe. Ça créé un malaise. Alors est-ce qu'il faut trouver un autre mot ? Est-ce qu'il faut ouvrir la discussion ? Ou est-ce qu'il faut donner une nouvelle définition ? Donner de nouveaux exemples ? Parce qu'au final, c'est juste par les femmes pour les femmes.

 

 

[1] L’Union des femmes guadeloupéennes fondées en 1946 par Gerty Archimède première avocate de la Guadeloupe.

[2] Le féminisme civilisationnel s’entend comme le féminisme blanc bourgeois européen.

[3] Françoise Vergès : Le ventre des femmes

[4] Saartjie Baartman, parfois prénommée Sarah Baartman, de son vrai nom Sawtche, née vers 1788-1789 dans le Cap-Oriental (Afrique du Sud) et morte le 29 décembre 1815 à Paris, est une femme khoïsan réduite en esclavage et exhibée en Europe pour son large postérieur, où elle était connue sous le surnom de « Vénus hottentote ». (source Wikipédia)

[5] : Un podcast à soi : Qui gardera les enfants ?

[6] : Afroféminisme : « Mouvement politique et militant visant à combattre à la fois les systèmes d’oppressions et d’exploitation que sont la suprématie blanche, le patriarcat et le capitalisme. S’il est à mettre en lien avec le Blackfeminism, ce mouvement tient compte des particularités européennes et des contextes nationaux. » (source : Mwasi Collectif)

 

Ressources supplémentaires :

  • Elsa Dorlin : La matrice de la race

  • Mona Chollet : Sorcières

  • Myriam Paris : Nous qui versons la vie goutte à goutte: féminismes, économie reproductive et pouvoir colonial à La Réunion

  • Stéphanie Melyon-Reinette :  Contre Misogynoir. Des Caribéennes francophones entre Black Feminism et afroféminisme

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