Le militantisme décolonial

 
Militant·e : 
  1. (Adj)Qui lutte, combat pour une idée, une opinion, un parti. 
  2. (Nom)Adhérent d'une organisation politique, syndicale, sociale, qui participe activement à la vie de cette organisation.
  3. (Nom)Personne qui agit pour une cause : Les militants de la paix.

©Larousse

 

Avant-propos : En compagnie Jay Asani, militante décoloniale, nous discutons de son engagement pour l’auto-détermination de la Martinique.

 

Mélissa : Est-ce que tu pourrais te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas encore et les personnes qui te connaissent ? Si tu pouvais nous faire une petite introduction de ta personne ? Qui tu es et qu’est-ce que tu fais ?

Jay : Je m'appelle Jay, jeune martiniquaise. J'ai 28 ans, je suis créatrice de bijoux et je suis connue pour mon militantisme. On avait décidé avec des ami·e·s de lancer des actions coups de poing par rapport à l'empoisonnement au chlordécone[1], ici, en Martinique et également en Guadeloupe. Le chlordécone était un sujet que l’on entendait en bruit de fonds sans vraiment comprendre de quoi il s’agissait et ce qui se passait. On s'est rendu compte de la gravité de la situation lorsqu’un ancien élu a admis que les gens savaient que l’eau du robinet était empoisonnée jusqu’à aujourd’hui. Les autorités le savaient. Tout le monde le savait mais personne n’a rien dit. Ça a provoqué quelque chose chez pas mal de personnes notamment et surtout les jeunes. On était vraiment choqué·e. Comment est-ce possible que quelque chose comme ça se fasse chez nous ? À ce moment, on a décidé·e de s'en prendre aux personnes qui, pour nous, sont responsables ou qui ont bénéficié en tout cas de l'empoisonnement soit de la famille Hayot . Chaque week-end on fermait l’un des établissements de cette personne-là. Ce qui a créé le buzz entre guillemets.

Solène : D’accord. Tu as un peu répondu à notre première question puisque l’on voulait savoir pourquoi cette envie de te lancer dans l’activisme, toi et ton groupe ? Tu as un peu répondu à la question, mais n'hésite pas à approfondir. Et puis, depuis quand ces actions coups de poing ont débuté ?

J : Pour pas mal d’entre nous, on s’est toujours inscrit·e dans une pensée décoloniale. Avant ces actions-là, on avait mené un combat pour que le drapeau aux quatre serpents [2] c’est-à-dire le drapeau colonialiste disparaissent de nos espaces et de nos institutions. Pour nous en tant que jeunes martiniquais·e·s, on ne peut que constater que l’on nous considère encore des esclaves. On ne peut donc que s’inscrire dans une démarche de marronnage [3] et de décolonialité parce que l’on ne peut pas accepter cette situation-là. Les personnes qui représentent le colonialisme, les békés, les descendants d’esclavagistes, nous avons toujours eu un problème avec eux. Leur simple présence sur le territoire est problématique puisqu’ailleurs la question a été réglée d’une façon comme une autre. L’état français nous bassine depuis que l’on est petit·e à nous dire que l’on est français. C’est un sentiment que l’on n'a jamais eu en grandissant en Martinique. On essaie vraiment d’imaginer ce que ça pourrait être de vivre en dehors de ce système-là et on essaie d'aligner nos vies et nos choix de vies en fonction de ça.  Pour nous, on est dans un marronnage et on ne veut pas vivre dans cette plantation. Il semble totalement logique que l’on s’en prenne aux personnes qui nous ont empoisonné tout en sachant que sont les mêmes personnes qui fouettaient nos ancêtres. Ce sont les mêmes familles. Le combat contre eux est donc inévitable. C’est vrai qu’au départ, c’était une démarche anticolonialiste dans sa globalité.

S : J'avais une petite interrogation puisque j’ai été agréablement surprise de constater, peut-être que ce n’est pas une facilité mais, que vous n’hésitiez pas à donner des noms et à nommer les choses. Par exemple : colonialisme, esclavage et d'esclavagisme, et cetera. C’est vrai qu’en tout cas, je vais parler pour la Guadeloupe, mais il y a souvent dans les familles cette facilité à ne pas nommer les choses et à ne pas dire les noms.

M : C’est très tabouisé. C’est très complexé autour du nom.

S : Comment avez-vous eu cette facilité à tout simplement dire les choses et dire les noms ? Est-ce que c’était inné pour vous d'en parler hors de vos cercles d’ami·e·s ? Le dire entre ami·e·s est simple mais hors de ce cadre-là...

J : C’est quelque chose d'assez exceptionnel en Martinique. Je pense que c’est une première. On a toujours été très proche des anciens, des personnes qui ont mené des luttes avant nous et de toutes les associations et les collectifs ici qui s'inscrivent dans la même démarche... Je ne peux pas vous dire ce qui nous a pris de dénoncer les choses aussi ouvertement mais, et même au sein du militantisme martiniquais, ça pose problème. On nous a demandé de ne pas les nommer : « Ne faites pas ci, ne faites pas ça. Ne les injuriez pas. ». Illes étaient réticent·e·s. C’est pour ça quelque part que je dis que c’est assez inédit. On ne peut pas faire semblant. C’est super difficile pour nous surtout lorsque l’on est sur le terrain. Les choses vont sortir d’elles-mêmes et vont se faire comme elles doivent se faire. On exprime les choses tout simplement comme on les ressent. On ne fait pas semblant. On sait qui sont les responsables et je ne comprends pas pourquoi on ne les nommerait pas.

M : Tu as parlé tout à l'heure de la conciliation entre ta vie militante et ta vie personnelle. Je me rends compte que dans le mouvement décolonial ou en tout cas le mouvement pour la reconnaissance du chlordécone comme étant un crime contre la population, vous êtes directement affecté·e·s. Vous vivez en Martinique dans une société contrôlée par les Békés qui demeure sous leur poigne. Tout ce qui est entre et sort en Martinique est surveillé par les Békés. Comment tu fais ? Comment tu fais pour être dans la rue ? Est-ce que tu as déjà eu reçu des insultes du fait de ton engagement ? Comment tu arrives à concilier tout ça ? 

J : Il y a deux choses. Il y a premièrement beaucoup de « hate » comme je dis. Les personnes « haters », « haineuses » mais qui n’existent que sur les réseaux. Devant moi, en réalité, je n’ai jamais eu de personnes haineuses. Puis deuxièmement, il y a des personnes qui savent ce qui se passent en Martinique et c’est un mal que beaucoup ressentent. Elles vont être contentes de nos actions. Elles vont nous féliciter. Elles vont nous donner la force. Dans tout ça, il y en a forcément qui sont poings et mains liés avec les Békés. Par exemple, le tout premier boycott que l’on a fait devant le Carrefour. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais certain·e·s d’entre nous, moi et d’autres personnes, avions des opportunités professionnelles à ce même carrefour. Après le boycott, je pense le lendemain avec la diffusion du boycott par le journal où l’on nous a vu surtout que c’était assez explosif, les recruteur·trice·s nous ont appelé pour nous annoncer qu’illes ne souhaitent pas travailler avec nous. C'était des personnes qui justement travaillent avec les Békés. On l’a su parce qu’elles n’ont pas voulu travailler avec nous. On s'y attendait. Peut-être pas aussi rapidement puisque ça a été vraiment le lendemain ou le surlendemain. On s’y attendait aussi parce que dans le cas contraire ça voudrait dire que le système que l’on dénonce n’existe pas. Donc on s’y attend et on s’y prépare c’est-à-dire que l’on est tous·tes dans une démarche entrepreneuriales pour ne pas avoir à travailler pour ces gens-là. On essaie de ne pas s'entourer justement de personnes qui travaillent pour les Békés. Même si on sait qu’il y a des personnes qui n’ont pas le choix et qui travaillent pour les Békés.  Elles ne vont pas reverser leur argent chez les Békés. Mais pour ce qui est des personnes mendiantes, je cherche un mot gentil, qui sont main dans la main avec les Békés, si j’avais ce type de personnes autour de moi finalement ça a fait un tri le fait que je mène cette lutte-là. Elles ne sont plus là et tant mieux.

M : Oui. La lutte décoloniale, on sait qu'elle ne date pas d'aujourd'hui. On sait qu'elle prendra encore du temps. Donc c'est une dévotion même que tu te donnes à la Martinique. Et dans cette dévotion, qu'est-ce que tu espères ?  Mettons, tu as 28 ans, qu'est-ce que tu espères dans une dizaine d'années ? Qu'est-ce que tu espères de ce mouvement ? Quelles sont tes attentes ? Quelles sont les solutions que vous avez ?

Tu parlais d’entrepreneuriat et c’est vrai que c'est aussi un privilège que beaucoup non pas. Je trouve ça juste de mettre en avant le fait que l'opportunité n’existe pas pour tout le monde de pouvoir mettre en place une société ou même d'avoir les contacts qui seront écouter. C’est vrai que l’on a souvent tendance à entendre lorsque l’on parle d'indépendance de la part des gens et des anciens qui nous disent : « Mais où sera la Guadeloupe ? Où sera la Martinique ? On va tous partir. On tous vouloir aller en France. La Martinique va couler, la Guadeloupe va couler sans la France. ». On sait toutes les trois que ce n'est pas vrai, que la Martinique et la Guadeloupe sont remplies de richesses. Elles peuvent être complètement indépendantes financièrement et alimentairement. Je ne vois aucun problème. Mettons en place les énergies renouvelables et l'économie circulaire et tout ira bien. Enfin…Qu’est-ce que tu réponds à tout ça ?

J : 10 ans ? Je ne sais pas exactement où on sera dans 10 ans et où je veux que l’on soit. En tout cas, ce que je veux vraiment, là, tout de suite c’est que l’on se mette au travail. On a trop entendu le discours de : « On n’est pas prêt·e.» ou « Qu'est-ce que l’on va faire sans la France ? » comme tu dis. On a plus le temps de parler. On est dans une situation d’urgence. Il y a l’empoisonnement au chlordécone qui est en train de nous tuer. Je n’ai même pas envie de discuter et de débattre sur est-ce qu’il faut que l’on se mette au travail ou non. Il faut tout simplement que l’on commence.

Par exemple, on est dans un espace. On occupe cette espace. Qu’est-ce que l’on mange dans cette espace ? Qu’est-ce que l’on doit faire pousser ? Comment peut-on être en harmonie avec espace ? On doit arrêter avec la logique du produit importé. Ce que je veux dans 10 ans, dans 20 ans ou dans 30 ans, c'est quelque chose que je veux moi-même pour mes enfants. J’essaye d’observer mon parcours et de voir où est-ce que l’on m’a mis des barrières. J'essaye de soulever ces barrières pour que mes enfants n'aient pas à mener les luttes que moi, je mène. C’est dans cette logique-là que je m’inscris. Je ne veux plus que l’on soit dans cette société qui nous oppresse. Il faut arrêter d’essayer de s’y faire une place. C’est aussi ça l’erreur de nos anciens, c’est d’avoir essayé de se faire une place dans la société Babylone qui nous oppresse.  Ce n’est pas l’objectif. Nous, on veut en sortir. On veut se barrer de là. On ne sait pas comment on va faire mais on va construire quelque chose en dehors de cette société. Rien de bon n’en sort.

On peut faire le bilan depuis je-ne-sais-depuis-combien-d'années, rien n’est proposé pour le peuple noir dans sa globalité. Il faut que l’on construise une société en dehors du système que l’on connait déjà et que chacun observe ce qu’il est capable de faire. Il peut s’agit d’artistes, d’enseignant·e·s ou autres et on verra dans 10 ans, dans 20 ans. Je ne pourrais pas affirmer que l’on sera là, à tel niveau dans 10 ans mais il faut au moins que dans les 10 ans à venir que l’on soit déjà beaucoup plus autonome. Au moins alimentairement parlant, ce serait déjà un bon début. Pour moi c’est vraiment la base. Si on peut s’alimenter nous-même on peut tout faire. S’inscrire dans une logique par nous-mêmes et pour nous-mêmes. La France on a fait le bilan.

S : Je trouve ça intéressant parce que je vois la différence de penser entre les générations. Ma mère est née dans les années 60...Je trouve qu’aux Antilles la prison est plus mentale que physique, entre guillemets. Dans mes discussions avec ma mère lorsque je lui montre mon côté très activiste, très libérer la Guadeloupe, très foutez-nous la paix ; que l’on est empoisonné·e ; que je dis les mots et que je parle de colons, d’esclavagisme, de post-esclavagisme et de post-colonialisme et cetera ; elle me dira : « Ah oui, tu as raison. » après s’être assurer que je vais bien. Elle me demandera si je n’exagère pas trop, presque pour excuser tous ces systèmes qui nous oppressent.

Pourtant lorsque je pose les mots, elle va être d'accord avec moi. Alors j'ai l'impression comme tu disais, moi aussi je n’ai plus envie d'expliquer et des fois, c'est là où ça peut clasher. J’ai la flemme d'expliquer, de devoir apporter des preuves du système parce qu’il est tout simplement là. J’ai juste envie de tout brûler mais je me dis : « Ok. Si je brûle tout, je n’ai pas non plus envie de mettre ma population à dos. ». Tu vois ce que je veux dire ? C’est cette tension de : « Je brûle aussi pour vous. Il faut que vous compreniez mais je n’ai pas envie d’expliquer. ». C'est tout un système dans ma tête... En tout cas, je voulais te poser la question. Toi en tant que femme dans ce mouvement activiste dans une société patriarcale et cetera, où est-ce que tu puises ta force et ton inspiration pour continuer malgré tout ?

J : Je ne sais pas. Je ne sais pas du tout. C'est vrai que même sur la question du patriarcat et du féminisme ce sont des choses qui pour moi sont assez nouvelles. Ça fait très peu de temps que je me documente là-dessus. Pour moi, le racisme a toujours été quelque chose d'évident depuis toute petite. Et je me suis rendue compte que Babylone sur les questions de sexisme est beaucoup plus fourbe alors même que le racisme est déjà très fourbe. Je prends du temps pour me rendre compte de certaines choses parce que je suis dans cette nouvelle démarche. En s'inscrivant dans ce mouvement militant que l’on a commencé depuis presque un an en octobre, il y avait pas mal de choses sur lesquelles on voulait mettre un point d'honneur tout en sachant que c’est un mouvement porté par les femmes. Les femmes étaient en avant donc le respect des femmes. Et c'est vrai que ces derniers mois, de mon côté et du côté d’autres femmes aussi, il y a des choses qui nous ont freiné. Parmi toutes les personnes qui viennent manifester, il y a des choses sur lesquelles nous ne sommes pas d’accord c’est-à-dire comme je l’ai dit sur la question du sexisme qui est beaucoup plus fourbe. Il y a des choses qui ne sont pas évidentes pour tout le monde et pendant ce temps-là, des femmes sont là en train de prendre du fer. Ce qui m'a permis de tenir, je ne sais pas mais c’est vrai que plus le temps avance plus j’ouvre les yeux sur le patriarcat.

Ça a été vraiment compliqué pour moi et d’autres femmes te tenir justement à cause de cette question-là. On en parlera bientôt au sein du mouvement. On essaye même de savoir comment en parler. C’est assez délicat parce que l’on ne veut pas se mettre des personnes à dos. Certaines femmes du mouvement ressentent des choses que l’on a absolument besoin d’exprimer. On ne peut pas nous censurer. Donc pour répondre à ta question, je ne sais pas ce qui m’a fait tenir autant de temps. Ces derniers mois ont été chauds, vraiment chauds pour moi et d’autres sœurs du mouvement.

S : Est-ce que c'était par rapport au fait qu’être une femme dans un mouvement... Comment dire ? On en parlait avec Mélissa un peu avant, est-ce que faire la révolution n’est pas une affaire d’hommes ? Après tout c’est quelque chose l’on a malheureusement genré dans l’histoire. Toi et les autres femmes lorsque vous vous êtes lancées dans ce moment, vous vous êtes rendues compte que vous étiez les premières à être oubliées dans les revendications et dans les préoccupations ?

J : Totalement.

S : Ou bien est-ce qu’il s’agissait d’autres problèmes c’est-à-dire des personnes qui ne comprenaient pas que la condition de femme apportait une autre dimension au combat ? Alors qu’il faut prendre ça en compte si on veut vraiment avancer tous ensemble.

J : Oui et comme je l’ai dit, on s’inscrit dans une démarche de marronnage. Il n’est pas du tout question de prendre ce qui appartient au colon pour le ramener dans nos espaces de marronnage. Malheureusement, on a bien eu trop souvent le sentiment que c’est ce qui se faisait. Finalement, nos revendications sont entendues tant qu'elles vont dans le sens de tout le monde. Autant on parle fort, on crie et cetera mais une fois que l’on veut parler de nos expériences personnelles en tant que femmes noires en Martinique, on nous dit : « Non, ce n’est pas un sujet. », « De quoi tu parles ? », « On va parler de ça après. » alors que non ! Et ça a créé des cessions et des mésententes. 

Je pense que c’est totalement nécessaire. Je pense aussi qu’il y a une espace de spectre de la division qui plane sur tous les noirs du monde. À chaque fois que l’on parle de sujets sur lesquels on ne s’entend pas, on parle de division. Alors que ce n’est pas grave. Je ne pense pas que partout sur terre les noir·e·s étaient d’accord sur tout. Il faut savoir accepter ça même si c’est difficile. On s'est battu·e l’un à côté de l’autre et après on n’est pas d’accord. Tant pis. Il faut accepter ça et continuer avec ceux qui s'inscrivent dans la même logique. On mènera le combat qui a à mener. Très souvent les gens nous disent que ce n’est pas un sujet à traiter puisque l’on parle déjà du chlordécone. On peut très bien traiter les deux. Je ne vois pas ce qui nous empêche de dénoncer les békés et le sexisme. Je ne vois pas la problématique. Pourquoi on ne peut pas faire les deux ? Ils ne veulent pas et ce n’est pas grave. Nous, on va en parler.

S : On dirait qu’il y a un manque de vouloir complexifier la discussion parce qu’ils se sentent inconfortables. Ils vont être d'accord de parler du chlordécone et de l'économie en même temps. Ou dans notre cas par exemple, je ne sais pas pour la Martinique mais, du chlordécone et des sargasses. Pourtant dès que l’on veut rajouter la question de la femme tout d'un coup c'est : « Ah non ! Par contre, là, c'est trop compliqué. ». J'ai du mal avec cette simplicité d'esprit. Je te mets dans une position où tu te sens inconfortable. Et là, d'un coup tu ne peux plus ouvrir ton esprit alors que tu peux le faire lorsqu’une conversation te mets au centre c’est-à-dire lorsque l’on se bat pour toi et avec toi il n’y aucun soucis mais du moment que je te demande de t’asseoir et de m’écouter tu as un problème. Ça te fatigue. Ça t'énerve. Moi j'ai vraiment un problème ici avec cette simplicité.

M : C'est le manque d’intersectionnalité dans les combats. Ce qui est absurde c'est qu'ils ne veulent pas ouvrir le débat pour une société qui ne s’est jamais battu pour eux, qui n'en a jamais voulu d’eux et qui continue de les tirer vers le bas. Le féminisme, en tout cas, le féminisme décolonial que l’on revendique n’est pas que pour les femmes. C'est détruire tous les stéréotypes et toutes les constructions sociales qui empiètent sur la vie des femmes, mais pas que la vie des femmes puisque c'est la construction même de toute la société. Si on ne nous permet pas de décoloniser le corps des femmes, on ne pourra jamais décoloniser le territoire. Les deux vont de pairs. Pourtant le discours que l’on entend du féminisme, c’est qu’il est contre ou va à l’encontre de. Je suis tout à fait d'accord. Le féminisme des européennes blanches ne m'intéresse pas ou du moins je n’irais jamais à l'encontre. Il ne parle pas pour moi. Le féminisme décolonial parle de nos réalités de femmes. Les femmes constituent plus de la moitié de la population. Statistiquement, nous sommes plus nombreuses.

Si on continue d’être colonisée, si nos corps continuent d’être colonisés on enfantera des colonisé·e·s. On continue d'éduquer des colonisé·e·s et tant que ce corps-là n'est pas décolonisé, le territoire, la pensée et le mental on ne pourra jamais sortir de cette prison. Je trouve ça triste lorsque l’on sait que vous, femmes, avez porté ce mouvement et que vous avez mené des revendications qu’il y ait quelqu’un·e ayant l’audace de vous dire : « Ça ne m'intéresse pas », « ce n'est pas le sujet » ou « il y a plus important » quand bien même tout est connecté. Ce n’est pas simplement le chlordécone que vous remettez en question, c'est comment des individus soit les Békés réussissent à nous empoisonner aux yeux de tous. Tout le monde est au courant, tout le monde le sait.  Oui, je trouve ça triste. Les femmes sont toujours présentes sur les batailles et on demeure sujette à des interdictions quand bien même on est à la source de ces revendications.

S : Est-ce que tu y vois une tentative de se réapproprier le mouvement ? Pour moi je le vois de la manière suivante : Des femmes commencent un mouvement anticolonial, décolonial puis un groupe d’hommes disent : « Ok. Ça c'est sympa, j'aime bien. Je viens avec vous. Je me bats avec vous. ». Les femmes originaires du mouvement disent alors : « Ok, cool ! Mais je suis une femme donc faites attention à ce que vous dites et ce que vous faites ! ». À partir de ce moment les hommes rétorquent : « Non, on ne veut pas faire ça. », ça s’apparente à une tentative de vol du mouvement puisque finalement ils définissent ce que le mouvement doit faire selon leur codes, selon ce qu’ils veulent. 

J : On dirait que c’est déjà écrit. C’est exactement ce que tu dis.

S : C'est l’histoire. Je pense que c’est l’histoire de tous les mouvements. 

M : Et de toutes les révolutions. La révolution doit être masculine sinon elle ne rentre pas dans l'histoire. C'est toujours comme ça et qu'en plus, comme on disait avec Solène, que l’on a qu’une seule figure féminine… Enfin, une seule, certainement pas mais on n’en trouve pas d‘autres dans les livres d'histoires ou en tout cas elles ne nous sont pas inculquées. La seule figure que l’on ait, c'est la mulâtresse solitude. Qui pour nous avec Solène pose problème dans le sens où ça représentation physique est un mythe venant d'un homme blanc qui a certes adopté la Guadeloupe, mais qui l’a visualisé comme il visualisait la beauté des chabines dans les années je-ne-sais-combien. Vraiment dommage de voir qu'un mouvement que vous avez mis en place commence à être partiellement volé. Je ne sais même pas comment vous arrivez à continuer.  Des fois, ce qui se passe c’est que l’on a un « burn-out militant » où tu as tout simplement envie de dire : « Franchement, les gars, prenez-le, on va refaire quelqu’un·e chose d’autre mais vous nous faites chier.».

J : Je n’ai jamais eu le sentiment que c'était quelque chose qui m'appartenait donc je n’ai pas vraiment eu de difficulté à lâcher prise. Mais, c'est vrai que ça laisse un goût amer parce qu’on se donne pour le mouvement ! Moi et d’autres personnes se sont vraiment données corps et âmes. Puis lorsque tu te rends compte que tu as besoin de d’exprimer sur un point et que l’on ne t’écoute pas, ça laisse vraiment un goût amer. Tu te dis que tu ne peux pas continuer de te battre avec des gens qui ne te considèrent pas. La suite, comme je l’ai dit, c'est de s'organiser avec des personnes qui, illes, ont compris que c'est une décolonisation globale et que ce n’est pas simplement une question de racisme. On continuera de faire ce qu’il y a faire même si c’est dur. Et c’est dur !

S : Lorsque tu dis que tu fais face à des obstacles... Comment dire ? C’est par ta communauté quoi ! Encore moi, j'en suis arrivée à un point où lorsque les gens qui ne font partie de ma communauté soit de la communauté noire au sens large, me font des coups de chiens, voilà quoi ! Tu fais ta vie, je m'en tape ! Rien que feront les Békés ou les Blancs ne va m'atteindre parce que j'ai compris et je comprends plus de choses sur toi que toi-même. Tu ne peux plus me blesser. Par contre, lorsque ça vient de ma propre communauté ! Ah ! En parlant de ma communauté, je parle des hommes noirs. « Vraiment toi ?! Après tout ce que je viens de dire ?! Après tout ce que je viens de dire ? Après tout ce que je viens d’écrire ?! Toi ?! ». Je ressens une certaine tension où j’ai envie de te dire d’aller te faire voir et de te mettre dans lot que les personnes blanc·hes, que les békés et les colons.  Mais est-ce que je peux par la suite dire que je me bats pour ma communauté si je veux t’exclure ? Pourtant la manière dont tu me blesses, dont tu me fais du mal c'est quelque chose qui, je pense, est difficile ou en tout cas pour moi. J'ai du mal à me réconcilier. Je suis une africaine américaine, Kimberly Nicole Foster qui disait que lors des émeutes aux États-Unis, elle s’excusait mais elle ne marcherait plus pour les hommes noirs et que ce n’est plus quelque chose qu’elle veut faire. Au début je me disais aïe puis pas vraiment. Honnêtement, moi, je suis à la limite de me dire : « Est-ce que j'ai toujours envie de me battre alors que je ne suis même pas sûre que quelqu'un·e va se battre pour moi ? ». Si demain il m'arrive quelque chose, qui va se battre pour moi ? Qui va faire autant de bruit ? Voilà, ça me décourage.

J : Oui qui va faire pour moi ce que moi je suis en train de faire là.

S : Exactement. Je peux bien comprendre comment et sans que tu le veuilles nécessairement tu as été glorifiée. On l’a dit « Jay Asani ci, Jay Asani ça ».  Pour autant lorsque tu as voulu exprimer ta propre perspective, on t'a foutu des claques quoi ! C'est difficile à réconcilier. Puis si tu réagis à tout ça et que tu dis : « Allez tous vous faire voir, je me casse ! ». Tu deviens la mauvaise personne. Tu deviens la personne qui a abandonné alors que tu as priorisé tout le monde avant toi.

J : Je suis devenue la personne qui s'est trompée de combat, qui adopte un combat de femme blanche et qui abandonne son peuple.

M : On t’a dit ça ?

J : Oui, en gros et tellement de choses. Dès que je parle de ma condition de femme on va me répondre que c’est le combat des femmes blanches. Je n’ai pas grandi avec des femmes blanches. Oui d’accord, j’ai vécu cinq ans à Paris puis je suis rentrée chez moi. Je n’ai pas été autour de femmes blanches et je ne comprends pas comment mon expérience peut être celle d’une femme blanche. C'est difficile. En même temps, ça nous lance un défi.

J’ai l’impression que mes ancêtres me lancent un défi parce que je me rends compte que le combat est beaucoup plus grand et beaucoup plus vaste que ce que j’imaginais. J’ai l'impression d'avoir une responsabilité pour les générations à venir. Sur ces questions-là, justement, lorsque j'ai posé des questions et que j’ai essayé de trouver quelqu'un·e qui pourrait m'aider sur le féminisme martiniquais, il n’y a rien. Il n’y a rien sur la question du patriarcat ou sur la question de sexisme.  On parle tout le temps de décolonisation mais on ne parle pas de ça. Pour moi, c’est obligatoire. On doit en parler même si les gens ne veulent et même s’ils vont se fâcher. Ce qui arrive là, la suite c’est que l’on va en parler. On est obligé·e.

M : Je pense, en tout cas ce qui revient très souvent dans tes propos, c'est que la communauté de femmes avec qui tu as commencé ton aventure est toujours présente. Ce sont des femmes qui vivent ces choses ou qui comprennent ce que tu vis ou encore ensemble vous arrivez à poser les problèmes et à vouloir y trouver des solutions. C’est ce que je vois, que tu es toujours bien entourée. 

J : Alors pas toutes. C’est ce qui est déchirant. Ce n’est pas très grave. Bon je vous en parle quelques mois après que tout s’est fait. C'était vraiment assez intense. C'était vraiment difficile de traverser tout ça.  On va bosser dessus et on va continuer.

S : Pour bien comprendre, lorsque tu dis « pas toutes » c’est-à-dire qu’il y a eu des divergences d'opinion dans la communauté de femmes par rapport à la question de la condition de femme dans l'activisme ? C’est intéressant. C'est ce qui fait encore plus mal. C’est intéressant mais en même temps pas surprenant puisque l’on en avait parlé dans l’un de nos épisodes que le mot féminisme ici est associé à la blanchité c’est-à-dire à être blanche. C'est un truc de blanche. L'Union des femmes guadeloupéennes, par exemple, qui sont des femmes guadeloupéennes. Si on te donne une liste de ce qu'elles font et de ce qu'elles pensent, tu peux très facilement dire qu'elles sont féministes. Pourtant, ce sont des femmes qui vont rejeter le terme féministe parce qu'elles disent que c'est une affaire de blanche et de colons. C'est une affaire de colonisé.e. Je pense que ça, c'est déchirant. Ça empêche selon moi que l’on aille plus loin dans le débat. Ça nous force à taire une partie de notre identité. Si on ne veut pas accepter le mot féminisme ou si on ne veut pas accepter le fait que notre condition de femme antillaise, de femme de couleur noire et tout le Spectrum de couleur que l’on a, ça nous fait taire et ça nous empêche d'avancer. J'imagine que ça peut faire très mal, de la part de ta propre communauté de femmes, de dire de te taire sur quelque chose qui est ton essence. Si je te parle de qui je suis et de mes problèmes, je ne vois pas pourquoi tu me dis de que ce n’est pas vrai. Toutefois, j’avoue que je peux très l’imaginer. 

J : Après comme je l'ai dit, c'est quelque chose pour moi sur lequel je me documente vraiment depuis peu de temps. Le premier livre que j’ai lu justement c’était Françoise Vergès. Même moi, j’ai du mal avec le terme féministe. J'ai du mal avec les étiquettes de façon générale. La seule étiquette que j'accepte, c'est anticolonialiste et pour moi ça rentre dedans. Quelque part, si on se dit tous·tes anticolonialistes, ça devrait rentrer dans ces questions-là. Pour moi les mots n’ont pas d’importance. Les mots je m'en fous. Je veux juste que l’on règle ces problèmes-là. Je veux juste que les frères fassent les efforts de décoloniser leur comportement et leur rapport avec les femmes. C'est ça. Je m’en fous comment tu l’appelles mais à nous de se décoloniser.

S : Oui. Je pensais exactement comme toi. Je me disais que l’on s’en fout comment vous appelez ça. Ce qui me dérangeait aux Antilles, c'est que si l’on commence à mettre des étiquettes on doit en mettre beaucoup. Si je dis que je suis féministe, il faut que je dise que je suis anticapitaliste puis il faut que je dise que je suis anticolonialiste et encore dire que je suis anticoloriste, et cetera. Ce sont des choses qui pour moi, vont toutes ensemble à partir du moment où tu veux décoloniser un territoire. Le problème étant que notre définition n'est pas la définition générale c’est-à-dire que certain·e·s entendent décoloniser et illes entendent juste détruire la race. Malheureusement, il y a des personnes qui existent entre la race et le genre. J’ai encore du mal à me dire féministe par contre je vais me décrire féministe décoloniale pour faire comprendre que l’on jette le féminisme européen et mainstream. De nos jours ici, je pense que c'est nécessaire, pas pour nous les femmes mais pour les hommes pour qu'ils se rendent compte eux-mêmes de ce qu'ils ne voient pas. Je pense qu’il y en a beaucoup qui ne se rendent pas compte qu’être une femme c'est plus qu’être noire c'est être une femme et être noire.

M : Au-delà des femmes noires, des femmes des autres groupes ethniques. Il faut que l’on arrête d’avoir les étiquettes que l’on peut avoir sur, par exemple, la femme indienne, sorcière ou femme facile. La chabine, toujours sexuellement appétissante et cetera. D’ailleurs en parlant justement de la femme, l'une des dernières questions que l’on voulait te poser, c'était notamment sur le collorisme. On sait que c'est un sujet dont tu as parlé, ou en tout cas beaucoup parlé. Il s'est avéré que dans nos recherches sur les femmes présentes dans les mouvements indépendantistes et décoloniaux et anticoloniaux, on retrouve beaucoup de personnes qui sont chabines et métisses, très peu de femmes noires ou en tout cas couleur de peau foncé ou même venant d'autres ethnies. Je ne sais pas trop comment tu te positionnes vis-à-vis de ça. Je me demande est-ce que c’est parce que l’on est encore à ce niveau de colonisation qui détermine ce que ta couleur de peau peut te permettre de dire ou de faire expliquant pourquoi ces femmes on les retrouve moins ou en tout cas pourquoi elles sont moins représentées ? Je ne sais pas si tu as déjà eu une réflexion à ce sujet ou pas ?

J : Oui puisque le « light skin » privilège tant que l’on sera dans Babylone, c'est quelque chose sur lequel je n’ai aucun pouvoir. Ce n'est pas moi qui ai décidé de ces règles-là mais je m’en rends bien compte. Une sœur qui est dans le mouvement qui s’appelle Similine et qui mérite vraiment d'être entendue étant donné qu’elle est foncée de peau, les gens systématiquement vont prendre le temps de m'écouter moi à cause du « light skin » privilège. Toutes les deux ont mériteraient d’être écoutées. Je pense que je suis la seule personne que tout le monde connaît dans ce mouvement alors qu’il y a d’autres femmes. Pour moi, tant que l’on restera régie dans ce système colonialiste, ce seront les règles du colonialisme. Peu importe tous les efforts que moi je peux faire pour dénoncer tout ça,  ça restera tel quel. Pour moi, ce qu'il faut c'est sortir de cette façon de penser sortir de cette logique là et abattre cette espèce de hiérarchisation des teintes. C’est une chose qui est vraiment, comme tu dis, que je constate moi-même en étant clair de peau. 

S : Selon toi, pour sortir de cette société, quelle serait le premier pas ? Je sais que tu as dit que tu veux simplement que l’on fasse et qu’il faut que l’on fasse. Mélissa et moi, nous sommes complètement d’accord mais c’est vrai qu’il y a des gens qui ne sont pas nécessairement dans cette position. Quelle serait selon toi le vrai premier pas de cette décolonisation ?

J : Frantz Fanon disait qu’il faut tuer le colon en nous. C’est très bien pour moi le premier pas. Analyser notre société. Se rendre compte des privilèges que l’on a. Où on est placé·e et se déconstruire soi-même. C'est la première chose que j’apprends à faire. Par exemple, dans le mouvement dans lequel on est, oui les gens ne veulent pas traiter la question du féminisme mais il y a aussi des homosexuel·le·s qui sont avec nous sur le terrain. Et pareil ! On est en Martinique et j'imagine que tu connais un peu la mentalité. Les gens ne veulent pas en entendre parler. Même moi sur le terrain, j’insultais...

S : L’homosexualité pour beaucoup est quelque chose que le colon a apporté. Il y a des gens qui pensent que décoloniser c'est aussi ça. Je m'excuse de t’avoir été interrompue.

J : Voilà ! L’oppression quelle que soit sa forme pose problème.

On ne peut crier contre l'oppression que les Békés nous font subir puis après aller oppresser quelqu’un·e d’autre. Ça n’a pas de sens. Je disais que même moi, sur le terrain j'ai dû me remettre en question, parce que l'une de mes insultes préférées en envers les gendarmes c’était un mot que l’on dit chez nous pour insulter les homosexuel·le·s que je ne vais pas dire. Des gens sur le terrain nous ont dit que ça leur posait problème. Je me rends compte de la réaction des autres lorsqu’on leur dit que ça pose problème. Ils refusent absolument de lâcher prise sous prétexte que c’est notre culture. Alors que non. Je peux trouver une autre insulte. Il n’y a pas de problème. Oui c'est gênant de se rendre compte que l’on est problématique et du rôle que l’on a eu en tant qu’oppresseur.  La bonne nouvelle, c'est qu'on peut s'en défaire.

Moi, comme j’ai dit pour faire le premier pas,  il faut analyser cette société et la place que l’on occupe dans cette société. Tout simplement. De faire le check-up de ses privilèges comme on dit. Puis agir en conséquence.

S : De nous-même voir ce que l’on a intériorisé. Comme tu disais l’insulte et je ne sais pas si c’est exactement la même mais je vois de quoi tu parles. C'est vrai que même nous ici, la première insulte à laquelle on peut penser c’est à celle qui ressemble à celle que l’on ne va pas dire. Tu t'en rends compte que c'est extrêmement gênant. Je suis totalement d'accord avec tuer le colon qui est en nous.

J : Oui. Je suis assez contente de notre conversation parce je ne suis pas très présente sur les réseaux-sociaux et comme je vous l’ai dit par rapport à tout ça, je n’avais pas encore eu l'occasion de m'exprimer dessus, pas que moi d'ailleurs. On commence à apprendre à le faire, moi et d’autres femmes. On va s'exprimer. La décolonisation ce n’est pas que le racisme. Il y a d'autres choses qui nous oppressent et vous ne pouvez pas nous écouter seulement lorsque l’on parle des Békés. Écoutez-nous aussi lorsque l’on vous parle de nos expériences et de ce qui nous oppresse. Sinon, ce plus la peine. 

 


[1] La chlordécone est un produit phytosanitaire qui a été utilisé pour lutter contre le charançon du bananier. C'est un polluant organique persistant considéré comme non biodégradable dont l'utilisation est interdite en France depuis 1990. (Source guadeloupe.gouv.com).

[2] Le drapeau de la Martinique est représenté quatre serpents symboles. Ces quatre serpents représentent des trigonocéphales, reptiles venimeux nommés aussi "Fer-de-lance", introduits, selon la légende, sur l'île au moment de la traite négrière, pour forcer les esclaves à travailler davantage. (source voyage-martinique.com).

[3] Le marronnage est l’action qu’entreprend l’esclave en s’échappant de la plantation. À l’heure actuelle, le marronnage est employé pour qualifier une personne souhaitant vivre au plus près des traditions de ses ancêtres mis·es en esclavage ou/et se désolidarisant de tout héritage colonial.

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